Chypre : Un conflit gelé depuis 40 ans

 

 

 

Un conflit gelé depuis 40 ans

En 1964, le général britannique Peter Young, commandant de la British Peace Force, dessine au feutre vert une ligne séparant Nicosie en deux : la « ligne verte ». Aujourd’hui, la ville reste la dernière capitale divisée en Europe. Cette ligne, prolongée en 1974, partage la totalité de l’île entre d’une part, la République de Chypre et d’autre part, la République turque de Chypre du Nord.

Située face au Liban et à la Syrie, à 60 km des côtes turques, carrefour économique et stratégique, Chypre est peuplée depuis le néolithique. Les premiers Grecs s’y installèrent, rapidement suivis par les Phéniciens. Elle fut possession assyrienne, égyptienne, perse, romaine, byzantine, française, vénitienne, ottomane et anglaise. En 1960, l’indépendance conquise est la première opportunité depuis des millénaires de définir le caractère unique de ce formidable melting pot et d’en jouir pacifiquement. Pourtant, la loi fondamentale de 1960 est une superbe occasion manquée. Elle dessine une société non pas composée de Chypriotes, mais de Chypriotes grecs et de Chypriotes turcs, scrupuleusement identifiés, et administrés séparément. La jeune démocratie est ingouvernable.

La situation dégénère. Le 15 juillet 1974, le Régime des Colonels en Grèce fomente un coup d’État à Chypre. En vertu des accords de protection mutuelle signés en même temps que la constitution
(la Grèce s’engageant à protéger les Chypriotes grecs, la Turquie, les Chypriotes turcs) les forces turques interviennent dans le nord de l’île. Depuis 40 ans, pas de cessez-le-feu, pas de paix signée, mais un ensemble de résolutions de l’ONU entérinant les positions des belligérants à 18 h, le 16 août 1974. Une zone tampon a été crée où, en mains endroits, la vie semble s’être arrêtée.

Aujourd’hui ? Le nord de l’île, massivement en faveur du plan Annan de 2004 promouvant la réunification, a été déçu par le refus des Chypriotes grecs et encore plus par l’acceptation de la République de Chypre dans l’UE qui semblait comme une récompense au « non ». Un modus vivendi s’est installé qui pourrait bien être bousculé par la découverte  de gisements de gaz au large de l’île, par la crise économique au Sud et l’impatience des Chypriotes turcs à se débarrasser de la tutelle d’Ankara.

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