« Nous sommes tous Charlie ! » Ah ? Vraiment ? Partie I

Si j’ai bien compris le film, tout le monde a défilé samedi comme dimanche pour protester et ou en hommage/en soutien aux journalistes de Charlie Hebdo et pour soutenir/réaffirmer l’importance du droit à la liberté d’expression et d’opinion, oui ?

Je n’ai aucun problème avec ça, étant plutôt un amoureux de la liberté, sauf que, dans la tripotée de diplomates, ministres et autres entourant le Président de la République, il n’y avait pas que des amoureux fous de la liberté d’expression. Dans le désordre :

– David Cameron, Premier ministre britannique, célèbre pour son arrestation du mari de Greenwald et la saisie de tout son matériel informatique, l’entrée fracassante dans les locaux du quotidien The Guardian et la destruction de certains de ses PC et disques durs sous la direction du GCHQ. D’ailleurs Cameron se propose (une fois de plus, comme tous les Occidentaux) de durcir encore et encore les lois dites anti-terroristes. Cameron, dont la police se permet d’afficher ceci sur Twitter :

Featured photo - With Power of Social Media Growing, Police Now Monitoring and Criminalizing Online Speech

– Benjamin Netanyahu, Premier ministre de « the only democracy in the Middle East« . Netanyahu est persuadé que les Palestiniens ne peuvent pas être journalistes surtout s’ils travaillent pour le groupe Al-Aqsa donc autant en tuer certains (quatre en 2014). Qui a fait arrêter un journaliste, Abbed Rabo, pour avoir écrit « occupied Jerusalem » sur Facebook. Faut dire qu’il peut donner des leçons à tout le monde puisque son pays est 96e pour la liberté d’expression dans le classement RSF.

– Petro Poroschenko , »l’empereur du chocolat », qui croque les journalistes confits avec délice Il les a encore plus aimés durant sa campagne. Même l’OSCE se fait un peu de souci, c’est tout dire. RSF aussi puisque l’Ukraine est quand même 127e dans leur classement 2014.

Je passe bien évidemment sur ceux (Russie, Congo, Hongrie, les Émirats arabes unis, etc.) dont Le Monde et Mediapart rappellent le brillant parcours en matière de liberté d’expression, pour m’intéresser à l’un de mes favoris, Eric Holder, ministre US de la Justice et pilier de l’administration Obama.

 

Obama, dont l’administration a poursuivi et poursuit plus de whistleblowers, de bloggers, de journalistes que TOUTES les autres administrations réunies depuis 1917. Les USA ont d’ailleurs perdu 14 places en un an dans le classement RSF !

Au hasard, le prix Pulitzer 2005 et ex-chef des infos chez FoxNews : James Rosen, régulièrement menacé de prison par Holder Eric (la dernière fois en juin 2014), défenseur de la liberté d’expression en France et moins chez lui. Il a, par exemple, ordonné la mise sur écoutes de plus d’une vingtaine de lignes d’Associated Press pendant plusieurs mois. Écoutes rendues publiques par le PDG d’AP, Guy Pruitt. Ou ce blogger de l’Alabama qui a passé cinq mois en prison pour rien, enfin presque : il est spécialisé dans les histoires de corruption

D’autres journalistes ont eu ou ont encore à faire avec Holder et l’administration Obama comme Barton Gellman (obtention de ses relevés téléphoniques), ou Laura Poitras détenue plusieurs heures chaque fois qu’elle revient aux USA (elle travaille sur les documents Snowden), ou les journalistes C.J. Chivers et Mac William Bishop du New York Times (enquêtes au Yemen), ou Ryan Devereaux, arrêté lorsqu’il couvrait les émeutes de Ferguson, etc. Ceux qui voudront en savoir plus sur Holder et son amour de la liberté d’expression iront sur Human Rights Watch, The Intercept, The Guardian, sur le Comittee to Protect Jounalists, Reporters sans Frontières

Fin de la partie I

A suivre Part II : la France

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